Feijoada ne figurait pas au menu impérial brésilien avant le XIXe siècle, malgré une croyance répandue. La cuisine de Rio de Janeiro intègre autant les traditions africaines que les influences portugaises et indigènes, souvent dans un même plat. Certaines recettes régionales utilisent des parties peu valorisées de l’animal, autrefois réservées aux esclaves, aujourd’hui servies dans les restaurants les plus réputés de la ville.
Certains mets emblématiques changent d’ingrédients selon la saison ou le quartier, sans jamais perdre leur statut de classique. La diversité des plats reflète une histoire de brassage culturel et d’adaptation constante.
La cuisine de Rio, reflet d’un métissage culturel unique
À Rio de Janeiro, chaque repas s’imprègne d’influences croisées. Impossible d’y échapper : l’empreinte indigène, la richesse des saveurs portugaises, la générosité africaine et des apports venus d’Europe, tout se retrouve dans un plat. Le manioc, pilier ancestral, se faufile partout : en farofa ou en tapioca, il accompagne aussi bien les viandes que les poissons. Riz blanc, haricots noirs, farine de manioc, morceaux de porc… ces ingrédients composites esquissent l’ossature d’un repas carioca, du plus humble au plus festif.
Dans les rues de la “cidade maravilhosa”, l’air frémit d’arômes. La feijoada, ce ragoût dense et sombre, s’invite dans les réunions de famille, héritée à la fois des traditions africaines et portugaises, transformée au fil du temps par les gestes de chaque génération. Le manioc, ingrédient indigène par excellence, s’adapte à toutes les textures : râpé, fermenté, grillé, il lie et donne du relief à chaque bouchée.
À Rio, la gastronomie ne se limite pas à la sphère domestique. Dans la rue, sur les marchés ou dans les petits établissements, la créativité explose. Les recettes se réinventent selon les quartiers, les saisons, les vagues migratoires. Entre fritures croustillantes, ragoûts parfumés et pains au fromage dorés, la scène culinaire carioca ne cesse de conjuguer héritage et nouveauté, toujours fidèle à son identité.
Quels sont les plats emblématiques à savourer dans la région de Rio ?
Rio de Janeiro consacre la feijoada chaque semaine, souvent le dimanche. Ce ragoût de haricots noirs et de morceaux de porc se sert avec du riz blanc, de la farofa, une semoule de manioc grillée, et parfois une tranche d’orange pour rafraîchir le palais. Pour beaucoup de familles, c’est un moment de retrouvailles, un rituel hérité d’un passé mêlant influences africaines, portugaises et indigènes.
Du côté des saveurs marines, la moqueca occupe une place de choix. Ce plat mijoté à base de poisson ou de crevettes se distingue par l’ajout de lait de coco, d’huile de dendê (palme) et de coriandre fraîche. La variante bahianaise, plus marquée, fait voyager les papilles jusque sur le littoral du Nordeste, tout en restant présente à Rio.
Pour celles et ceux qui apprécient les grillades, le churrasco propose des viandes cuites au feu, découpées à la demande, dans une atmosphère détendue. La farofa accompagne souvent la viande, tandis que la tapioca, petite crêpe à base de manioc, se décline avec du fromage ou de la noix de coco râpée.
Les boulangeries de la ville mettent en avant le pão de queijo, originaire du Minas Gerais : une bouchée croustillante à l’extérieur, moelleuse et fondante à l’intérieur, dont le goût de fromage séduit à toute heure. Pour une note sucrée, difficile de passer à côté du brigadeiro : une boule de chocolat et lait concentré, star incontestée des goûters et anniversaires.
La street food finit de compléter le tableau : coxinha au poulet effiloché, empadas garnies de crevettes ou de cœurs de palmier, açaí en version glacée tout droit venu d’Amazonie… Autant de découvertes qui rythment la vie des Cariocas.
Secrets et anecdotes autour des recettes incontournables de Rio
La feijoada ne se raconte pas en un seul mot. Bien plus qu’un ragoût, elle est le fruit d’un long croisement : le savoir-faire portugais pour les ragouts, la cuisson lente des légumineuses chez les peuples indigènes, l’utilisation des morceaux de porc, une habitude africaine. À Rio, on la partage le week-end, entouré de farofa et de quartiers d’orange, la semoule de manioc grillée venant rappeler les racines amérindiennes du plat.
Dans la rue, le brigadeiro a conquis le cœur des gourmands. Ce bonbon, né dans les années 1940, porte le nom du brigadier Eduardo Gomes, militaire devenu personnalité politique. Fabriqué à la main, trempé dans un nuage de vermicelles au chocolat, il incarne la convivialité et l’esprit de fête brésilien, en particulier lors des anniversaires.
La moqueca, elle, varie selon la géographie. À Rio, la recette s’inspire principalement de la version bahianaise : poisson ou crevettes mijotent doucement dans une sauce au lait de coco et à l’huile de dendê, dont la couleur orange affirme l’influence africaine. La moqueca capixaba, venue de l’État voisin Espírito Santo, opte pour l’huile d’olive et une légèreté assumée.
Sur les trottoirs de Rio, l’acarajé, beignet de haricots noirs, se déguste brûlant, souvent préparé par les bahianas habillées de blanc. Ce mets, à la fois gourmandise de rue et offrande dans le candomblé, relie la cuisine à la spiritualité et fait de chaque bouchée un petit morceau de mémoire vivante.
Envie d’essayer chez vous ? Idées de recettes brésiliennes faciles à réaliser
Préparer un plat brésilien chez soi est à la portée de tous, même loin de Rio. Le manioc, ingrédient clé, se décline en farine ou en fécule, et structure bien des recettes du pays. Pour démarrer, rien de plus simple que la farofa : faites revenir la farine de manioc à la poêle avec une noisette de beurre, des œufs brouillés et quelques lardons, puis servez en accompagnement d’une viande ou d’une feijoada. Ce plat emblématique marie haricots noirs, morceaux de porc, riz et orange. Il suffit de faire mijoter haricots et viande ensemble, de laisser les saveurs se mêler, puis de servir chaud avec de la farofa et des rondelles d’orange.
En quête d’une expérience différente ? Essayez la tapioca. Mélangez la fécule de manioc à un peu d’eau, déposez la préparation sur une poêle chaude pour obtenir une crêpe blanche, puis garnissez-la de fromage frais ou de noix de coco râpée, selon vos envies. Pour le petit-déjeuner ou le goûter, le pão de queijo séduit par sa simplicité et son goût : mélangez farine de manioc, œufs, lait et fromage de type Minas, façonnez des boulettes et enfournez. Résultat : des petits pains moelleux, à la texture légèrement élastique, à savourer tièdes.
Côté gourmandises, le brigadeiro fait toujours sensation lors des fêtes. Chauffez du lait concentré avec du cacao et du beurre, remuez jusqu’à obtenir une pâte bien épaisse, laissez refroidir, puis formez des boules que vous roulerez dans des vermicelles de chocolat. En quelques minutes, vous obtiendrez de quoi régaler petits et grands, un classique qui traverse toutes les générations.
Sur la table ou dans la rue, la cuisine brésilienne se réinvente sans fin. Ouvrez la porte, laissez entrer les parfums de Rio : chaque recette promet un voyage inattendu, plein de saveurs et de récits partagés.


